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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 09:17

Faute d’une offre publique suffisante, les écoles  

privées foisonnent à Butembo. Mais si le profit est au rendez-vous pour leurs promoteurs, les élèves et enseignants y ont des conditions de travail souvent déplorables. Et la qualité de l’enseignement  

est reléguée au second plan.ecole.JPG

 

Assis sur des vieux bancs, entassés dans une petite pièce, 35 élèves suivent un cours ce mercredi 9 janvier dans le chantier qui abrite l’institut privé "La Promes­se". Ils recopient le résumé écrit sur un vieux tableau. "Nous travaillons dans de mauvaises conditions. Nous avons à plusieurs re­prises suggéré au responsa­ble d’améliorer les choses, mais en vain", indique un enseignant, l’air courroucé. A l’entrée principale, il n’y a pas de porte. Des fenêtres sont bricolées avec des car­tons. Dans d’autres salles de classe, la situation est enco­re pire. Pas de tableaux, des élèves qui, faute de tables, écrivent sur des cahiers po­sés sur leurs cuisses...

Selon Kahindo Kasunga, inspecteur chargé du contrô­le des écoles privées en pro­vince éducationnelle Nord-Kivu II, la ville compte 158 écoles privées cette année contre environ quatre-vingt il y a cinq ans. Leurs pro­moteurs expliquent que ce foisonnement par la forte croissance démographique de la ville et son extension qui nécessitent l’augmen­tation du nombre d’écoles. "Il n’y a pas de place pour tous dans les bonnes éco­les. Nous sommes obligés de venir étudier ici faute de mieux", explique Francesca Kasika, élève dans une éco­le privée de la place.

 

Des promoteurs  peu soucieux

Dans plusieurs écoles pri­vées, la rigueur et la dis­cipline sont laissées pour compte. "Ici, il suffit de payer les frais et acheter tout ce que le préfet exige. Maquillage, cheveux tres­sés, beaucoup de choses sont tolérées …Ce qui n’est pas le cas dans des écoles gérées par des Eglises", ex­plique Chantal Kwiravusa, élève dans une école privée. A part les frais scolaires, qui sont élevés, les gestionnai­res exigent des élèves qu’ils achètent le matériel néces­saire dans toute école : Jour­naux de classe, feuillets de règlement d’ordre intérieur, uniformes, stylos, cravates, foulards, insignes ou logo de l’école et autres petites choses… "Mon école me permet de bien vivre, payer mes frais de santé et ceux de ma famille", affirme, sous anonymat, la promotrice d’une école privée.

Certaines de ces écoles nais­sent un jour et disparaissent le lendemain. En 2011, le promoteur d’une école a fui avec plus de 2000 $. Il avait extorqué 100 $ de frais de réinscription à des finalis­tes malheureux. Malgré les multiples exhortations de l’inspection de l’enseigne­ment chargée des écoles pri­vées, de nombreux promo­teurs ne se soucient guère d’améliorer les conditions de formation dans leurs ins­titutions.

 

Formations bâclées 

Selon les instructions légal du ministère de l’EPSP (En­seignement primaire, secon­daire et professionnelle), pour ouvrir une école, il faut disposer de ses propres bâti­ments et payer d’avance six mois de salaire du person­nel enseignant. A la division provinciale de l’EPSP Nord-Kivu II, on indique qu’il est difficile de sanctionner les promoteurs de ces éco­les. "Tous brandissent des arrêtés du ministre qui les autorisent à fonctionner, or je n’ai pas le pouvoir de fer­mer une école, je me limite au rapport circonstancié adressé à ma hiérarchie", se dédouane Kalumendo Kombi, chef de la division de l’EPSP Nord-Kivu II.

En principe le système d’en­seignement est le même sur toute l’étendue du pays. Mais dans certaines éco­les privées, les élèves sont tout le temps à l’extérieur et vont jusqu’à dédaigner l’enseignant. Selon Mum­bere Mwangaza, enseignant dans le département de psy­chologie, les élèves suivent des enseignements vieux de plusieurs années. "Parfois les enseignants utilisent les notes de cours qui, pour les plus récents, datent de 1994. Pour former quels cadres de demain ?", interroge-t-il.

Jean Marie Mutulirano  

  

 

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