Traqués par les éléments de la police depuis Août 2012, les enfants survivent dans les rues de la ville. Visibles aux abords des marchés et des bars, ils ne sont pas prêts de rentrer chez leurs parents où ils fuient brimades et pauvreté. Ces gamins sans avenir constituent une bombe à retardement.
Je croyais que ces shégués (enfants de la rue, Ndlr) n’existent plus dans la ville», lance un homme à qui des enfants de la rue viennent de chiper 50$. En effet, chaque soir, dès 20 heures, des enfants dont l’âge varierait entre 9 et 15 ans sont visibles autour des hôtels, des bars et des night clubs. Ils assiègent les rues jusqu’aux heures tardives. Armés des chaînes de vélos, des bars de fer et des canifs,… ils agressent les clients et les passants. «Ici nous pouvons opérer en toute tranquillité. La police y arrive rarement car trop occupée par la patrouille», raconte sans se gêner un enfant de la rue rencontré à l’entrée de la boîte Dallas en plein centre ville.
Il y a six mois, les éléments de la police traquaient ces enfants autour du marché central. Certains ont dû regagner leurs toits paternels sous la contrainte alors que d’autres ont pris leurs quartiers généraux dans d’autres avenues, plus loin du centre ville. Ils se sont réfugiés dans des marchés périphériques où ils opèrent pour survivre. «Plusieurs expliquent qu’ils n’ont ni père, ni mère et qu’ils étaient marginalisés dans leurs familles d’accueil», explique Kavira Pascaline, secrétaire au bureau des affaires sociales et solidarité nationale. Chaque enfant de la rue a en effet son histoire. Certains sont des vrais sans abris car ayant fuit la guerre dans leurs contrées. D’autres par contre sont des aventuriers qui ont des familles mais qui s’entêtent d’y rentrer et qui se complaisent de la rapine et du vol.
Des fonds au nom des enfants
Plusieurs ong se targuent d’avoir pour priorité la protection des enfants. On ne les voit pas assez sur cet axe des enfants de la rue. «Ces associations reçoivent des dons au nom de ces enfants mais les retombés prennent une autre destination», se plaint un agent de la mairie qui a voulu rester anonyme. «Un jour j’ai dénoncé ces ONG au près du maire mais ça m’a crée des ennuis avec certaines d’entre elles. J’ai reçu des menaces et je me suis arrêté là», témoigne Amshao Bienfait, président de l’organisation nationale des chrétiens pour le développement.
Pour Kasereka Amani, étudiant en sociologie, les parents de ces enfants et le gouvernement ont tous failli à leur responsabilité. Il cite l’article 13 de la constitution qui stipule que : «Le père et la mère ainsi que l’Etat ont l’obligation d’assurer la survie, l’éducation, la protection et l’épanouissement de l’enfant». Il prévient que «Parents et pouvoir public doivent conjuguer les efforts pour sauver ces gamins si non c’est une bombe retardement», prévient-il. Les psychologues quant à eux pensent que la solution ne doit pas se limiter simplement à remettre ces enfants dans leurs familles respectives mais plutôt à résoudre le réel problème qui les maintient dans cet état. «Il faut qu’ils aient à manger et qu’ils soient scolarisés. Les chasser de la rue d’accord et ensuite?», s’interroge Wasukundi Marie Léa, enseignante des cours de psychologie dans plusieurs universités.
Munyanderu Josée